Les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture pour l’année 2021 sont parus à ce jour. Le résultat brut de la branche agricole s’améliore de 16 %. Cette importante augmentation provient surtout de l’amélioration des prix de vente de la totalité des productions agricoles, excepté le porc. En effet, la relance économique et la reprise de la consommation, notamment en restauration hors domicile, ont fortement amélioré les prix des productions agricoles par rapport à 2020. Le résultat brut cache néanmoins des disparités entre les filières : il progresse pour les céréales (+46%) ou les betteraves grâce à une production haussière, mais il recule pour les fruits et le vin (-13%) à cause d’une production impactée négativement par le gel printanier. Dans le secteur animal, le résultat brut est stable, mais très fragile : l’explosion des charges lié à des cotations en hausse bien plus modérée conduira en 2022 à un effet ciseau qui remet en question le maintien même de l’activité d’élevage.
Ces résultats sont à mettre en regard avec les années 2020 et 2022. Les résultats des exploitations par orientation économique de l’année 2020 ont également été publiés, et affichent une baisse des Résultats Courants Avant Impôts par Unité de Travail Non Salariée (RCAI/UTANS) de 10 % par rapport à 2019 : la moitié des exploitations agricoles ont un RCAI/UTANS inférieur à 20 000 euros par an, en particulier les éleveurs et les céréaliculteurs ; plus généralement, les agriculteurs français n’atteignent pas le niveau des voisins européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Si ce résultat prévisionnel semble s’améliorer en 2021, cela reste à confirmer et ne sera sûrement pas le cas en 2022 : l’impressionnante hausse des charges agricoles ces derniers mois, que ce soit l’énergie, les engrais ou l’alimentation animale, est bien plus rapide que la hausse des prix agricoles et grèvera une fois de plus le revenu agricole.
Dans ce contexte de prix de plus en plus volatiles, il est impératif de permettre aux agriculteurs de tirer un revenu décent de leur activité, afin de gagner en compétitivité et de relever le défi de la souveraineté alimentaire à long terme. La loi Egalim 2 doit être appliquée strictement par tous les opérateurs des filières qui en ont besoin, afin d’aller dans ce sens. Les Français font face à l’augmentation du prix de biens essentiels comme les carburants ou les téléphones. Pourquoi les agriculteurs paieraient-ils pour éviter que l’inflation touche aussi l’alimentation ?